Jour 42, out of Persia…


Carnet de voyage... / samedi, mai 12th, 2018
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Iran
Il me reste environ 56 km à parcourir en Iran pour rejoindre la Turquie. C’est Habas qui va se charger des formalités pour me faciliter le passage, assisté de Araz qui sait bien lire les papiers. Habas me précède dans sa vanette, je le suis mais pas de trop près pour bien profiter du paysage. La moyenne n’est pas très élevée, mais comme nous sommes partis un peu en avance, ça compense.

Une fois sur place, Habas emmène les papiers vers la zone administrative et j’attends devant le bâtiment des douanes. Pas longtemps car l’effet Bâbr-i Siyâh se manifeste, peut-être pour la dernière fois, et un fonctionnaire m’invite à prendre le thé. Il parle très bien anglais et nous évoquons mon voyage pendant un moment. Un autre fonctionnaire nous rejoint et c’est reparti. Questions « pizza ou poulet« , j’ai l’impression que c’est la spécialité des Iraniens. Numéro 2 (je ne sais pas son prénom) veut savoir quel langage, entre le français et l’allemand, est le plus utile quand on voyage… Lui apprend l’anglais dans divers instituts ou  cours privés, car cette langue n’est enseignée qu’en primaire (à vérifier ?).

On se marre bien en tâtonnant et en cherchant nos mots, ça passe le temps. Quand on en vient à la famille et qu’il apprend que j’ai trois petits-fils et une seule petite-fille, cela lui évoque une série télé iranienne ou un roi n’a que des filles et cherche une boy maker parmi ses épouses. Là dessus, on part sur le mot farsi dokhtar (fille) et sa parenté éventuelle avec daughter (fille en anglais). Je lui explique qu’en français, le mot fille a deux sens et désigne à la fois une descendante et une personne de sexe féminin alors qu’il y a deux mots en anglais, daughter et girl.
Cela aurait pu continuer longtemps, mais Habas revient et je dois le suivre.
De l’autre côté, on repart sur les mystères de la carte-grise française, où un douanier en civil cherche le numéro de moteur… Énième épisode, mais là, il s’en fout de perdre la face ou pas, et après une tentative infructueuse de lecture du n° moteur sur le moteur (bin oui, il est gravé la tête en bas et retourné chais pas comment, ils sont très forts ces Anglais…) il déclare it’s ok, finish.

Hé bin nan, car le system est en panne et pas moyen de vérifier mon passeport… Il faut donc aller le scanner dans un bureau plus loin, puis trouver le bon tampon, bref, ça tourne en rond pendant une bonne demi-heure encore.

Cette fois c’est bon, séparation d’avec Habas et Araz, et je passe côté turc.

Turquie
Là les mecs se la jouent plus moderne, carrément hi-tech avec les rayons X, et paf, le carton avec les fioles souvenirs ! Heureusement, le chef est un peu moins con… sterné que l’opérateur X et décrète « géologue ! » en anglais, à quoi je réponds « Ja, ja » dans mon meilleur turc, et ça passe.

Tout cela va tout de même prendre environ deux heures au total, et je peux enfin rouler.

Hé bin nan, car maintenant c’est aux militaires turcs de jouer à check-point Charlie, et je vais en passer une bonne dizaine entre ici et Van. Je reconnais que plusieurs fois, on ne m’a pas demandé mon passeport.

Pourtant c’est là que va bientôt se placer le premier problème sérieux de mon voyage (Qui qu’a dit «il était temps ?»), car ces messieurs veulent presque tous que j’ouvre une des valises, voire les deux, et parfois même le top-case, mais sans rien fouiller dedans, juste pour voir si c’est vraiment creux, ou comment ça s’ouvre. La charnière, ça doit leur paraître très récréatif (ou nouveau ?)

Château de Hosap à Güzelcu, forteresse kurde érigée en 1643.

La météo n’est pas très clémente, c’est pluie par moment très forte, et températures dans les 7.5 à 13°C, avec de longs, très longs paliers à 10°C. L’équipement tient, je n’ai pas froid, pas trop, et je sais que j’ai de quoi changer de gants, et que je peux mettre les doublures de veste et pantalon.

Barrage de Zernek, le nuage noir, c’est pour après…

Justement, après ce barrage, j’avise une station service, mais spectacle insolite, un orage de grêle vient de s’abattre (c’est le nuage de taleur’), et il y a 3 à 4 cm de grêlons tous frais partout, juste à la limite de la bretelle d’accès, caprice météo. Panne générale électrique, pas de pompes, pas de benzine… Plus loin, on voit deux voitures dans le fossé…

Je profite de l’abri et des commodités pour envisager d’ajouter une couche de vêtements. Et là c’est le premier problème sérieux, plus de clef des bagages dans la popoche… à force d’ouvrir fermer les valises avec ces con… scrits de militaires, j’ai zappé la check-list mentale de démarrage, et la clef est restée sur une des serrures, puis est partie vers l’asphalte, quelque part sur les 40 km qui me séparent du dernier contrôle.

Heureusement, le Fifi est malin, et il a plus ou moins prévu un truc du genre, ce qui fait que j’ai le double dans…
Bâ nan pas dans la valise, dans le sac de selle (Enduristan™, pub).
Et en moins de temps qu’il n’en faut, voilà pépère en slip et chaussettes derrière les rayons du Market pour ajouter les doublures.

Maintenant, c’est du sans filet, la clef est ficelée avec celle du contact, c’est beaucoup moins pratique mais plus sûr.

Je trouve enfin de la benzine, que je parviens à acheter grâce à un beauf en 4×4 30 litres au cent, encore une belle histoire à raconter, pour cet hiver, hé hé hé.

Vue sur le lac de Van, tout là-bas, il est au soleil, lui.

Je suis à Van pour environ midi soixante, heure turque. Pause kebap et thé. Je perds environ trois quarts d’heure dans les bouchons à chercher un bureau de change, bernique.

J’ai booké un hôtel à Erzurum, donc, maintenant c’est l’objectif du jour, quitte à rouler de nuit un petit moment. C’est du highway, enfin dans sa définition turque, c’est à dire que par moment, ça ressemble à Montenois Sainte-Marie, un jour de grands labours, puis à Onans Faimbe par les bois, quand on roule pendant 8 kilomètres sur de la terre tassée (heureusement, là, il ne pleuvait pas). Mais bast ! C’est encore un des avantages de la Tiger, elle est confortable, et sur la longueur, elle m’emmène comme dans un rêve (éveillé, faut pas exagérer, non plus).

J’arrive à Erzurum en même temps que la nuit complète. J’ai dû rouler environ une heure dans l’obscurité, route très bonne, circulation modérée, mais malheureusement aucune notion de la gestion de l’éclairage par la majorité des conducteurs turcs, ça roule tout éteint, plein phares, feu de brouillard…

Il est 24h32, temps pour aller au dodo. Demain, encore un peu plus près de la maison…

Carnet de voyage complet.

3 réponses à « Jour 42, out of Persia… »

  1. Hello Philippe !
    Te voici donc de retour en occident…
    Bien joué pour les clés de secours 🙂
    Je partage l’idée/l’envie d’Hélène : je te vois bien dans une présentation pleine de vie et d’humour à Loupiac pour le HU 2018 : « Fifi – et Bâbr-i Siyâh – en Iran » !
    Je me vois bien aussi lire dans quelque temps le livre de tes aventures – tu as de la matière et le style !
    Bonne suite de retour…
    Bye,
    Gilles

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