Jour 24, point extrême à l’est…


Carnet de voyage... / mercredi, avril 25th, 2018
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Iran
Vue du hameau de Shafi Adad lors du départ après le petit déj’.

Vue de l’intérieur du fortin Khamouk. On voit le porche d’entrée et les entrées des salles latérales. La deuxième à droite est habitée par… Des chauves-souris, et pas des petites…
Piste pour rejoindre le monde actuel, c’est du lourd, graviers, terre et galets, pas de sable mais deux franchissements de ruisseaux à secs, ça peut être piégeux.

Après l’escapade dans le fortin sassanide, je fait le plein de « no super » à Shahdad.
L’étape prévue doit m’amener à Bam, pour voir ce qui reste de la forteresse après le séisme de 2003.
Petit retour en arrière par le même chemin, le premier col, Syrch et son point 8000 kms, le second col et retour sur la plaine de Mahan, direction sud-sud-est.
Le graphique des températures est le même en sens inverse, de presque 40° à 13° au plus haut col, puis 27,5°C vers Mahan.
Ça souffle fort dans le col, pas sûr que l’orgue joue de la belle musique, vu que les tuyaux sont tous pareils…

Je retrouve le PGH, devenu le PGEW, transformé en Persian Gulf Express Way par la magique baguette d’une tête pensante. Je prends un sobrané avec les routiers, poulet, riz aux baies du désert, fromage blanc, panier d’herbes fraîches aux goûts divers… Il n’y a plus de doogh, mais du Pepsi™ en bouteilles de 20 cl. Maintenant, on approche du sud, les chauffeurs sont presque tous en pantalon bouffant (normal, on est dans un resto après tout) et tunique ample et claire. Bâbr-i Siyâh les fait rire (comme tout ce qu’ils voient d’ailleurs) et il répètent en boucle «Afghanistan !» suivi de leur prénom.
Celui-ci s’est endormi en chantant «savez-vous planter les choux…» Oui, ce sont des ballots de choux. Heureusement, le terre-plain central est aménagé pour fluidifier la circulation. Et ça marche.

Bam. Que dire, les milliers de victimes sont oubliées, il subsiste le symbole de la citadelle, qui se reconstruit lentement. Elle reste colossale, majestueuse. Dans la ville, de nombreuses traces se remarquent, maisons étayées, palissades, terrains vagues remplis de déblais…

Le chantier de la citadelle est énorme, insaisissable d’une seule photo.


Dans mon esprit, cet ouvrage mutilé me semble être une métaphore (ou une périphrase ?) de l’Iran. Un peuple qui souffre, mais qui se reconstruit, malgré et en dépit des forces invisibles qui détruisent, sapent ou laissent à la merci des éléments des pans entiers de la société.
Je remplis deux de mes petites fioles avec de la terre de Bam.

Je viens d’atteindre le point le plus à l’est de mon voyage, je repars vers le sud-ouest, chaque méridien franchi me rapproche de la maison…

Malgré cela, c’est le cœur un peu lourd que je reprends la route pour rejoindre Jiroft. Je prolonge l’étape, j’ai envie de faire un bout de route plus tortueux que le PGEW pour me changer les idées, et la direction de Jiroft est idéale pour cela, traversant la barrière du Kuh-e Djebbal.

Ho zut, on voit le compteur ! Bâ nân, je l’ai flouté, on ne sait jamais qui lit les blogs…

J’arrive à Jiroft et je vais voir la Old City, en suivant le GPS. Je me retrouve dans la pamp… euh, la campagne, au bout des routes goudronnées. Il y a un canal, genre irrigation, avec des chemins de part et d’autres. Je suis le canal et sur l’autre rive, un talus de dix mètres de haut environ, je vois par endroit des morceaux d’appareillage qui me font penser à  des restes de remparts. Ce n’est pas le genre de chemin sur lequel on peut s’arrêter facilement, donc, Jean-Claude, je n’ai pas de photos. Au bout du chemin, je me retrouve sur le bitume et en suivant des panneaux «Jiroft Old City», j’arrive à des fouilles qui ressemblent à celles d’une ville romaine. Le gardien, bien sympathique et partiellement anglophone (oui, il connait 42000 mots de farsi et 4 d’anglais), quand je lui demande s’il connait une bumgardi dans le coin, m’emmène sur le chantier, et me montre le marché, les douches, l’eau courante distribuée par des trous dans les murs… Est-ce là une auberge où Marco Polo séjourna ? Mystère.

Hôtel, douche, resto, blog, dodo… La routine, quoi.

Carnet de voyage complet.

Une réponse à « Jour 24, point extrême à l’est… »

  1. Houlà, la citadelle de Bam est méconnaissable, et dire que 2500 ans nous regardent, un gâchis formidable :\
    Cela nous prouve comment 2,5K années d’histoires peuvent être rayées en quelques heures dans le désert ou autre… Combien d’édifices « indispensables » à la compréhension d’une société ont pu disparaître en silence sans laisser de traces en un clin d’œil si personne ne passe à portée ou ne les retape. Laissant un vide dans l’histoire devenant une légende… comblé par les fantasmes nécessaires aux exigences dogmatiques des nouveaux proprios… B’jour les EgyptoArcheUfoDogmaticoLogues, ça va?
    Nous sommes apparemment sur des constructions type moderne estimée (d’après wiki) – 500 ans minimum avant John Curtis, très vieux donc mais, bon, pas trop rare à cette époque, en cette contrée… Matériaux low cost « briques de sable » presque industrielles dans leur dimensions et conception, interchangeables, biodégradables et très probablement réutilisable (vu de loin sur les 2 site sassanides)? Effaçables a la gomme désertique en 2 jours et y a dû en avoir un paquet de cités produites et détruites…
    Bref, si y a pas erreur ce sont de superbes forteresses de sable compressé sans douves (logique pas d’eau), issues d’un savoir-faire maitrisé, dont les concepteurs semblaient très en avance point de vue économique, logistique, écologique… Résolument efficace et moderne à une époque ou les gens de chez nous se vautraient dans leur …maison en torchis apparemment (bien ouais chez nous on a pas de sable mais de la boue)^^’. Très belle leçon d’adaptabilité en milieu extrême, l’être humain est parfois surprenant.
    En route vers PersePolis ? Si c’est le cas, ça va être festif ! J ‘ai déjà le popcorn, les lunettes 3D, manque plus que tes photos par 50 X)
    P.S.: ca fera de beaux sujets de tableaux pour la mama 😉
    Merci FiFi pour le voyage instructif @+ 🙂

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