Jour 23, vali et vent de sable…


Carnet de voyage... / mardi, avril 24th, 2018
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Iran
Au p’tit déj’ je retrouve la joyeuse équipe de teutons, augmentée de Warren, un jeune Australien qui voyage en Iran, destination Moscou au final, je crois.
Pendant la séance de photos respectives, je suis invité à visiter le vali qui jouxte la mosquée. C’est le tombeau d’un sage soufi sunnite, et derviche, Aramgah-e Shah Ne’matollah. Il vécut plus de cent ans et sa parole fut une lumière dans les ténèbres, dit Mohammad. Quelques photos (il y a des fleurs, Corinne, mais ce sont juste des roses).


Mohammad Noroozi.


Détail de l’inscription au-dessus de la porte : Elle signifie que chacun peut entrer, qu’il n’y a pas de différence selon la religion, l’origine ou la richesse. L’ornement en forme de croix juste sous l’inscription vient de l’Inde et symbolise le soleil. Les chaînes qui pendent devant la porte sont destinées à rappeler l’humilité aux hommes grands qui doivent se baisser pour entrer.

Direction la montagne, je pars vers le Dash-e Lut, déclinant les propositions de Mohammad, qui pense que je veux faire de la piste de désert, comme le Français qui a disparu l’an dernier. Mohammad a d’ailleurs participé aux recherches et il est à l’origine de la découverte des dernières traces. Sans succès définitif jusque là.

Je trace vers le nord puis très vite il faut tourner à droite vers Syrch. La route emprunte deux cols et dans la première montée, la température descend à 13°… La descente vers Syrch est très ventée, la route bien dessinée est très belle. Peu avant le village, j’atteins les 8000 kms depuis le départ. Arrêt photo.

Ce bout de route se continue et passe devant la maison.

Après Syrch on grimpe un deuxième col et arrivé au sommet on voit la plaine en-dessous, c’est le désert du Dash-e Lut, ou désert des kaluts, le but du jour. Dès le début de la descente, la température grimpe très vite à 34°C. Ouch ! L’équipement de qualité fait la différence, les ouvertures de la veste et du pantalon sont bien vite en service, j’apprécie. Côté casque, en position jet, c’est confort, mais face au vent, je dois refermer la mentonnière et surprise, la ventilation est bonne, c’est même mieux, je reste comme ça.

Je traverse Shahdad et je pars à la recherche du fortin sassanide de Jean-Claude. Je ne vois rien à l’endroit que nous avions repéré sur Gouagle sat, mais plus loin, sur l’autre route qui contourne Shahdad, je vois un truc, je l’explore et photographie.
Au final ce ne sera pas ça. La température est de 38°C, je prends mon bidon d’eau même pour faire ces 100 mètres dans la pamp… Euh, nân, le désert, car c’est bien ça, c’est le désert.

Direction maintenant le hameau de Shafi Adad et la bumgardi de Amir, conseillée par Mohammad. Je trouve, mais c’est complet. Amir me propose une autre bumgardi dans le village, rendez-vous est pris pour la fin d’après-midi.
Il est genre midi, je file dans ce paysage sublime, mystérieux, magnétique et mystique. Le vent se lève, je vois très vite comment cet outil peut sculpter les kaluts, ces collines au profil éphémère.

Point trop de couleurs, par endroit du sel vient éclairer les ocres et sables divers.
Je croise la rivière Shur, en plein désert, elle coule tranquille et jaune, ses bords sont blancs, et ce n’est pas du calcaire… Elle serpente entre les dunes et rejoint un ensemble de lacs salés.

Comme je prends mes photos, je vois arriver en sens inverse un Toyota™ blanc genre baroudeur qui ralentit. Une plaque française ! J’interpelle le conducteur : Faransé ? Yes ! qu’il répond. Bin moi aussi ! On rigole et on fait des photos dans tous les sens, ils s’appellent Joëlle et Jean-Paul, et sont en route pour la Mongolie, un voyage de six mois ! On échange nos blogs, le leur est lespistanous.travelmap.net
On se sépare et j’arrive à une sorte de passage entre deux kaluts. C’est Kaluts Desert Bush Camp, tente, chameau, ça sent le turist trap à 2 km, je passe…
À gauche un caravansérail, il est tout petit, je le visiterai au retour.
J’aimerais bien trouver un coin à l’ombre pour casser la croûte (tôftoun et fromage) mais le paramètre « vent » complique la chose. Je fais halte dans une « service area » au panneau alléchant, mais c’est une fausse pub, area oui, mais service, non. Par hasard je suis arrêté devant un bâtiment pas trop délabré et ça sort. Il s’agit de quatre gars sympas du croissant rouge dont le chef « english a little ». Bâ comme moi, quoi.
Je sors mon farsi et en montrant les divers bâtiment, je demande : «Sobrané, soupe ?» Nonono répond le chef, come in, it is cooled. Bâ, vive la clim, c’est pas de refus, il fait 40.
Une fois à l’intérieur, la table est mise pour cinq, il me dit : Mangez avec nous, c’est prêtLe chef est aussi cuistot et il n’est pas mauvais. Pour une fois, les oignons sont grillés, ça change du cru, tranches de pommes de terre, tranches d’aubergines, fromage blanc et petites gousses d’ail accompagné de tôftoun… Eau fraîche méthode cannibale et jus de myrtilles pétillant.

Ils restent là jour et nuit pendant 4 jours, en cas d’urgence, et ensuite, 10 jours normaux. Après tout ça, séance de photos.
Je repars vers le point GPS que je me suis fixé arbitrairement pour faire demi-tour. il faut bien un but. Mais là, c’est le jour jaune, le sable envahit l’air et le vent se met à souffler très fort, aucune idée de la vitesse, mais il faut pousser fort le guidon pour garder une trajectoire rectiligne.
Porter les gants est indispensable, et le casque en intégral aussi.
En direct, je vois l’outil en train de façonner les collines. Sur la route, les zones soufflées ressemblent aux congères, mais heureusement il n’y a pas d’accumulation.
Par moment, cela se calme et je peux visiter le caravansérail par exemple. Plan carré, quatre tours, une entrée, dans le mur sud s’ouvre une salle très profonde, est-ce une citerne ? C’est possible, car l’arche unique restante devait faire partie de la salle des caravaniers. Il est très petit et très simple, aucune idée de l’époque…


La sentinelle du kalut.

Ou parfois j’ose m’arrêter et béquiller pour saisir le lac de sel.  

Ou bien une zone qui ressemble à Monument Valley

Quand le vent de sable reprend, il est différent. Fini le ras-du-sol, c’est un mur de poussière qu’il faut traverser, par moment la visibilité se réduit à 20 mètres.

Bast ! Vent de sable à 16 heures n’arrête par le baroudeur !

Je file à travers, tranquille, Bâbr-i Siyâh ronronne, elle chasse un peu et prend son angle dans les rafales, il y a un coin de ciel bleu là-bas, à l’ouest, des gris et des ocres devant, le sable rentre partout, il reste 25 kms, j’en connais une qui serait morte de peur, mais moi, je suis bien, je veille à la trajectoire, à la route, aux obstacles… Je suis bien, c’est la magie de l’Iran, du désert et de la moto.

Arrivé chez Amir, le portail est clos, je ne vois pas le bout du mur à 20 mètres. Le vent est si fort que je vois la moto bouger, et je la mets face au vent comme un bateau, c’est plus sûr. Puis il y a une accalmie soudaine.
Le voisin m’a vu et arrive avec ses deux chiens décrépits les pauvres bêtes, surtout résister à les attirer, car ils sont infestés de bestioles pas très catholiques (bâ oui, au pays des mollahs), genre mouches-tiques, jamais vu ces saletés. Bâ le voisin sonne, c’est-à-dire qu’il appelle avec son portable (merci ma simcard IranCell qui ne capte rien ici, t’façon je sais pas trop lire les chiffres sur le panneau.

Amir arrive et me guide avec sa grosse berline Saipa (moi non plus, je sais pas) vers une autre de ses ecolodges, tenue par Reza et Hamsa et perturbée par Hosseyn, 5 ans, qui grimpe partout, palmiers, voitures, tables, en hurlant plus fort que le vent. Bâ ça se démonte pas, on apporte le thé (tcha-i) en retournant les tasses comme dans Interstellar, énorme.
D’autres hôtes arrivent, un couple de Suédois, Astrig (prénom arménien) et Hans en taxi, puis Florin, un jeune Roumain qui globe-trotte à pied. Tout d’un coup, il fait tout noir, une chaise s’envole, une branche de palmier tombe… Il faut deux heures pour que cela se calme, on peut essayer de se débarrasser de la poussière… Pas de réseau, ou très peu, je tente quelques mails qui partent et je reçoit un appel de Jean-Claude pendant trois minutes, puis ça coupe.
On se rabat sur les carnets pour consigner tout ça.

Diner au coin du… Bâ nân tout de même ! Les chambres ne sont pas fraîches, je mets la clim sur 24°, finalement elle va tourner toute la nuit…
Départ vers Shahdad pour trouver le fortin sassanide, dont le nom est Khamouk (Râmouque). Chez Amir, Shervin, la guide d’un bus, m’explique où le trouver, ce n’était pas loin.

Il y a un peu de piste pour l’atteindre mais ça va, pas de sable.

Bâ j’ai empiété sur le jour 24, bande de petits veinards !

Carnet de voyage complet.

6 réponses à « Jour 23, vali et vent de sable… »

  1. hello, j’espère que tu vas nous offrir plus de photos du fort ..intérieur/extérieur X)
    C’est tellement intéressant ce genre de sortie!
    Ouais les mouches tiques j ‘connais pas non plus mais c’est pas trop surprenant… Il y a un paquet de trucs qui se baladent dans le désert qu’on connait pas ou si peu, bon de là à tomber nez à nez avec un Djinn, t’as encore de la marge X).
    Sur tes photos tu respires la santé, ça fait plaisir à voir 🙂
    Porte toi bien @+

  2. ???????
    Très bien raconté je me régale
    C’est vrai que j’aurai aimé plus de photo mais je sais pour l’avoir vécu que ce n’est pas facile
    Merci

  3. Bien contente de t avoir eu
    J ai vu les roses
    Apparemment elles resemblent â nos
    Buisson de roses anciennes
    J’ai regardé hier soir une émission
    Relatant la vie de Joséphine Bonaparte et appris hé oui on apprends tous les jours quelque chose qu’ elle a introduit en France
    Pas mal d espèces de fleurs et arbustes
    Les photos du désert sont superbes
    Ça peut aussi se peindre avec un peu
    D imagination et de recherche pour
    Le rendu des couleurs et la luminosité

    Bonne soirée et à demain pour la suite…..
    Biz
    Corinne et Jacky lalloz

  4. Bien sûr, un beau voyage… Ta narration et tes photos se conjuguent à la perfection. Bonne continuation et merci pour ce reportage tout en couleurs

  5. Salut Philippe !
    Quel plaisir de lire et regarder tes épisodes ? ? ! J’aime ta manière d’aborder et de raconter ton voyage et la vie.
    Je file poursuivre ma lecture des jours 24, 25 et 26…
    Bye,
    Gilles

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