Jour 18, le chemin mène à Qom.


Carnet de voyage... / mercredi, avril 18th, 2018
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Iran
Petit déj’ aux aurores, il est 4h00 à France 24, je prépare mes sacs, je me prépare à traverser Téhéran et je me prépare à quitter Lili et Jean-Claude… Ça fait beaucoup de prépare tout à coup.
Bâbr-i Siyâh démarre comme une fleur 2 minutes avant 8h00, la circulation est fluide, mais il y a l’interfile… Hé bin nân, car à Téhéran, il se pratique aussi (et surtout) en voiture !
La Renault , je l’ai suivie un bon moment, mais il y a aussi des Peugeot en masse !
J’ai réussi à m’en sortir et à prendre l’autoroute vers le sud, en direction de Qom, et alors mes agneaux, le choc d’un paysage que je n’avais pas encore traversé. Désertique mais pas trop, avec déjà des couleurs et des formes inédites, la magie de la moto traçant vers l’horizon, là, c’est une fois de plus une vision époustouflante.

Je ne sais pas ce que veut dire ce panneau, mais il y en a un tous les trois kilomètres…


Je fais une pause carburant, gâteau, thé et je rencontre Behnam qui est ingénieur, et a étudié à Paris VI. Son français est rouillé et je n’ai pas de Frameto™, mais on se comprend ! Il me note son telegram sur mon carnet à spirale.

Après une centaine de kilomètres, je vois un panneau  « last road to Qom ». Quoi ? Mais c’est un vrai aimant à Fifi, ça ! C’est tout simplement l’ancienne route, parfois autoroute, qui est maintenant la route des camions, La route où l’on peut traverser des bleds (sic) qui font irrésistiblement penser au Las Piedras du film Le salaire de la peur

Là, à part quelques bergers, je suis le seul « non-camion », ils sont chez eux les bougres, et font même de l’interfile.


Ils n’oublient cependant pas de me klaxonner et de faire de grands saluts, comme beaucoup de ceux qui me croisent ou me doublent.

Je finis par arriver à Qom et je trouve la zone des mosquées. Bâbr-i Siyâh attire les foules, à son habitude, et un monsieur en costume me propose de la garer devant sa boutique et de la surveiller avec son fils Ali pendant que je visite. J’accepte et je le remercie, et ainsi je peux me promener tranquillement.
Ali connait le Marenjab, il y fait du moto-cross. Il est très fier de me montrer la photo, ainsi que celle où il pose au sommet du Damavand, habillé en alpiniste, on ne voit même pas son nez…
Je me ballade donc, il y a des fidèles venant de tous les costumes possibles, de l’Asie profonde à l’Afrique. Je n’ose pas trop photographier, on ne sait jamais.

Le dôme doré abrite le tombeau de Masumeh, la soeur de l’iman Reza. C’est ce tombeau qui attire les fidèles  et fait de Qom une des trois villes saintes du Chiisme, les deux autres étant en Irak et donc presque inaccessibles aux fidèles iraniens.
Visite guidée (rapide) par un jeune mollah qui parle anglais.

Je reprends la route vers Kashan, je trouve un resto et je pars vers le désert de Marenjab.
Il faut s’enregistrer pour y pénétrer et laisser un petit billet. J’ai de l’eau et 200 kilomètres d’autonomie. Le caravansérail où j’ai projeté de passer la nuit est à 45 kilomètres, la piste est carrossable, mais c’est de la tôle ondulée, pas question de suivre les injonctions du « responsable du désert » : «Drive slowly». Sur la tôle ondulée, 60 km/h minimum, sinon, tout se déglingue. Je passe les 90 sans problème, Babr-i Siyâh survole la piste !

Là on voit clairement les ondulations de la « tôle », environ 3 entre la roue avant et la roue arrière… Ça secoue à l’accélération et au ralentissement, mais sinon, juste une petite vibration…
À peine à 500 m du poste d’entrée, je vois une bestiole traverser, pas de doute, c’est un chacal, avec un gros truc dans la gueule, genre pigeon. Je n’en avais jamais vu, je suis scié.
Après environ 10 km, j’arrive à une agglomération de 2 ruines et une maison, avec des chameaux. Pas de doute, l’ambiance est soignée.

Je continue et bientôt, la piste grimpe une petite colline pour arriver sur un plateau. Problème, qui dit plateau dit vent, et qui dit désert dit sable, et donc… La piste est ensablée, je passe les premières zones sans problème, mais ensuite, cela s’épaissit carrément et la stabilité, pneus gonflés, n’est pas géniale.
Si je dégonfle, je ne pourrais plus rouler sur la tôle… Bâ je continue, on verra bien.
Tout de suite derrière un dernier virage, la piste est entièrement en sable mou, et après environ 1 km, je verse sur le côté gauche. Bâ à 5 km/h dans 20 cm de sable mou, ça va. Je relève la moto sans problème, à la Harley, et je repars, ça recommence plus loin, une zone avec environ 30 cm… Zzouipp ! Encore à gauche. Au GPS, j’ai fait 2 km depuis le virage marqué. Un camion chargé de sel arrive, c’est Ali (encore lui ?).
Bâ il propose de m’aider à relever, mais je n’ai pas le temps de poser la bouteille d’eau qu’il m’a donné « de force » qu’il a déjà remis Bâbr-i Siyâh d’aplomb.

Il me livre une information capitale, le sable a envahi la piste sur 15 km… Tant pis pour le lac salé, le caravansérail, je fais demi-tour. Il m’explique où rouler dans sa trace, et roulez casquette, en 1/4 d’heure, on retrouve la tôle…

Je file retrouver le bitume après une séance de tôle ondulée… J’ai beau scruter le désert, difficile de voir un chacal dans cet assemblage de mini dunes et de buissons bas, je vois juste une pie, mais ce n’est pas Beep-Beep (bâ oui, le chacal de l’ancien monde et le coyote, vil ou pas, du nouveau monde ne font qu’un, canis latrans).

Je pars vers Aran o Bigdol pour trouver la maison d’hôtes Safa, une superbe demeure de 300 ans d’âge restaurée par un jeune couple, Ali (Mais il est partout ?) et Nastaran.

Ma chambre :

Sans meubles, on déroule les matelas et voilà. Repas traditionnel, puis s’ensuit une longue conversation en anglais, avec un peu de farsi, un peu de français (Il y a d’ailleurs un Français et son fils Noé à la maison, mais ils sont partis au restaurant). Les oreilles des mollahs ont dû siffler…
Ali a configuré mon accès internet Irancell sur mon smartphone, donc vous pouvez m’appeler en audio et vidéo par IMO le soir, soit 18h00 France environ.
L’inévitable selfie…

Après ça dodo traditionnel. Demain direction Esfahan avec quelques visites sur le trajet. J’ai rendez-vous avec Saeed sur un des ponts où la jeunesse estudiantine se retrouve.

À demain…

Carnet de voyage complet.

5 réponses à « Jour 18, le chemin mène à Qom. »

  1. Salut Philippe !!
    Quelle activité ! Quelle santé !
    Tu m espantes comme on dit dans le sud ouest !
    Tu roules….tu rencontre des tas de gens…tu prends le temps de nous régaler avec tes commentaires…et tes photos..
    Bonne continuation

  2. Salut, Fifi 🙂
    Sont vraiment sympas ces…dangereux locaux… Ca donne presque envie de s’expatrier X).
    La visite des lieux saint (gigantesque!) a dû être agréable, encore un truc à nous raconter en détails à ton retour.
    Fais attention à toi, le désert en a avalé des plus costauds et ceux qu’on voit au Paris Dakar ont toujours une caravane de soutien. C’est beau mais périlleux (surtout en solo 2 roues)! Ok, t’es un touriste âgé. Mais j’savais pas qu’t’étais un adepte de la roulette russe, t’as plus 20 ans Filou! Ok, l’air est pur ça dézingue, t’as rajeuni de 30 ans sec… mais c’est pas une excuse, on ne devient pas Fremen en 2 jours, même si t’as goûté à l’élixir de jouvence. 🙂

    Bon trêve de blagouilles à 10 cents. Tout ce que tu nous offres ici est toujours aussi délicieux à parcourir, merci, merci, merci Chef encore !

    @+ Fifi roule, vole, respire, profite…. Mais « n’dépose pas ton bilan » dans le désert, les insectes sont costauds là-dedans. Ce serait bête de revenir avec une 3ème fesse plus grosse que les 2 autres! Ah ben non…pas trêve… ++ 😉

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