Jour 11, je suis à Meghri, mais pas amaigri…


Carnet de voyage... / mercredi, avril 11th, 2018
Vous aimez ? Partagez.

Arménie
Je flippais un peu pour cette étape, relativement longue (378 kms) et réputée difficile, c’est pourquoi je suis parti tôt, à 8h00.
Bâ ‘videmment, j’allais grimper sur la moto et un sac plastique est arrivé, le même que hier, 2 sortes de gâteau genre génoise, deux pains fromagers et un grand discours…
Hier, j’avais prétexté des ennuis de santé (oh le fourbe) pour sauter le repas de midi, j’avais juste grappillé 2/3 cornichons et 2/3 noix confites en buvant du thé, mais le soir, potage au poulet (avec une cuisse de poulet dedans),  vodka («Guénatz !»), trois morceaux de poisson du lac, présentés avec pommes de terre à l’eau, un peu écrasées, mais parfumées et vraiment excellentes. Après cela thé et gâteaux (4 sortes) en regardant Armenia TV… En mode Bernardo…
Après ça, j’ai fait Tadjikistan (douche and bed). Oui, bon, bâ il est tard, comprenne qui pourra…

Bref, me voici sur la route, pavées de trous biens nets, si nets que l’on dirait du Lego™ avec une brique en moins par-ci, par-là. Je les ai baptisés PRA (pour parallélépipèdes rectangles arméniens) ce sera plus simple.
Frisquet, il avait gelé pendant la nuit et le thermomètre indiquait 9°C. Ça ne refroidissait pas les ardeurs des conducteurs.
La route suit le tour du lac Sevan et c’est vraiment beau. Difficile à rendre en photo sans faire toute une machinerie, et voici tout ce que je peux vous fournir (origine GoPro).

On distingue en fond de superbes montagnes enneigées, et les reflets du soleil sur l’eau, avec par moments des envolées d’oiseaux ou des risées du fort vent de sud, sont extraordinaires. Cela me rappelle la façon dont Maxime Gorki décrivait le lac Sevan : «un morceau de ciel qui serait tombé sur terre parmi les montagnes
Après la presqu’île visible à gauche, la route s’éloigne un peu et le lac devient invisible. J’arrive très vite à Martuni, où il faut obliquer à droite vers les montagnes et le premier col de la journée, le Vardenyats. Dans la montée, la température descend à 7,5°C et en arrivant sur une sorte de plateau (Bâ oui, c’est pas un col des Alpes) là c’est carrément du 4°C et il reste pas mal de plaques de neige.

En partant, j’avais pris l’option gants d’été, mais comme j’ai un peu essoré la poignée, je me dis, tiens je vais ralentir. et fait exprès, au sommet, j’avais nettement moins froid. Bâ pardi, la météo joue des tours dans ce coin, il faisait 10°c tout d’un coup sur le versant sud, puis 13,5°C en arrivant au caravansérail de Sélim.

C’est le mieux conservé d’Arménie, fondé en 1332 (voire 1332), son entrée unique le rend aisément défendable.


Il est vite visité, seul le porche est sculpté, l’intérieur est « éclairé » par des ouvertures dans le toit et l’on distingue à peine les nefs latérales. Vendeur de miel, fruits secs et plantes, comme d’hab’.

Je ne peux m’empêcher de penser au premier humain qui a passé ce col, avant qu’il ne devienne une voie caravanière. Était-ce une femme ou un homme, seul, en famille ? Fuyant ou explorant ? Dans le vent, on entend parfois des choses, j’aime écouter le vent, il sait raconter ce que l’on a oublié.

Je descends assez vite ce col, avec une belle échelle (merci Googoo maps) aux virages bien dessinés.
Dans la vallée, il y a une multitude de vergers de fruitiers dont les troncs sont passés au lait de chaux, et un peu après Getap, elle rejoint la route qui mène de Yerevan à Goris, un des axes principaux de l’Arménie, pompeusement nommée Yerevanian Highway…

Après Vayk, la route remonte le cours de la rivière Arpa, qui serpente dans des formations rocheuses parfois spectaculaires.
C’est à peu près à ce moment que les nuages se décident à gonfler, et c’est la pluie qui m’accompagne sur une partie de la montée vers le col de Vorotan.

C’est un spectaculaire monument pour… Rien en fait. Il fait surtout penser à un décor de cinéma…
Intrigué par les deux types de la Lada/Fiat bleue, qui s’équipent de bottes, sacs à dos et casquettes, Fifi va parlementer avec le vendeur de miel,  fruits secs et herbes fraîches, et bingo ! C’est la saison des champignons, comme il n’y a pas (plus) de forêts, les délicats cryptogames se sont réfugiés au-dessus de 2000 m. C’est malin, un champignon, faut pas croire !
Depuis le col, la route se poursuit en hauteur, rapide et pas trop mal chaussée, jusqu’à Goris, une descente prononcée vers la ville qui occupe le fond et les flancs de la vallée de la Goris, une cuvette surmontée de cheminées de fées, et on descend encore pour atteindre Tatev et remonter vers plusieurs cols en longeant (et parfois traversant, à ce qui se dit) la frontière de l’Azerbaïdjan avant de redescendre sur Kapan, la capitale régionale. Là, les feux sont tous au rouge, mais personne ne s’en soucie, pas même la police (qui roule toujours en gyrophare), ni la police militaire, qui roule toujours en casquette russian style et treillis camouflage « pixels ». Bâ, à Rome fais comme les Romains, c’est plus prudent !

Ouf, enfin la montagne, il reste la partie la plus « hard », d’après mes sources, 75 km par le col de Meghri, puis la rivière Meghri, et la ville Meghri.


Bâ en fait, à part l’altitude et certaines parties un peu vertigineuses, mes deux points faibles, tout est nickel sur cette route.
Le col de Meghri est à 2535 mètres, le plus haut de la journée. Fifi a un peu de mal, faut bien respirer…
Et les montagnes dans le fond, c’est enfin l’Iran ? Bâ nan.

Descente du col, en plein travaux…

Et enfin Meghri, ville un peu bidon, bidon, bidonville, mon hôtel (trouvé sur Booking.com) est à 9 € la nuit, la douche (commune) est chaude, il y a un wifi, le lit semble rescapé de Fleury-Mérogis, il a du venir depuis là-bas en off-road car il est très bien suspendu…

Je vais à pied en ville et je trouve un resto ou manger quelques chinkalis et une pizza au nom bizarre, arrosés d’une bière Dilijan (je suis passé devant la brasserie avant-hier…).

Demain matin, lever pour être au poste frontière rencontrer Hosseyn, à 9h00 heure iranienne, soit décalée de 30 minutes… Ça fera 2h30 avec la maison. Heureusement que après, ce seront les vacances, on ne sera pas à une heure près !

Carnet de voyage complet.

7 réponses à « Jour 11, je suis à Meghri, mais pas amaigri… »

  1. coucou
    j’ai mis de côté Richard Borhinger « marche pas trop sous la pluie » pour lire
    ton compte rendu du jour toujours aussi intéressant!!!!
    ta photo au col ferait peut être une belle toile mais j’attends avec impatience les photos
    d’Iran qui devraient être superbes
    jacky se joint à moi pour te souhaiter une bonne soirée et encore une autre journée
    de voyage au milieu de paysages superbes.
    biz et bon vent

    1. Bâ je suis loin d’être pépère, juste crevé, après 4 heures à la douane, j’ai rallié Tabriz pour essayer de retrouver l’équipe du capitaine (3 motards français qui quittent l’Iran ces jours-ci, trop envie d’entendre parler français. PAs de bol, impossible de les joindre, pas de télphone, pas de wifi… Ils doivent avoir les mêmes problèmes… Bises aux Cévenols !

  2. Ca avance vite , j ‘vois, félicitations le baroudeur de l’espace! 🙂

    J aime vraiment leurs stèles et leur façon de travailler les pierres (on y retrouve l’assemblage archaïque). Les 2 grandes maçonneries formant les « piliers d’un porte », c’est un vestige ou une œuvre d’art sans but ? C’est étrange!!
    Hehe toujours la p’tite réflexion qui va bien… Le premier hominidé ayant foulé l’endroit, a marché sur un col voire sur une plaine ou… navigué au dessus? Qui sait à quelle époque cela a pu se produire. 🙂
    Bien heureux de te voir si plein d’énergie (près de tes billes de bois) pour la suite du voyage, les arméniens doivent être vraiment sympas à vivre !
    Bon courage @+ 🙂

Répondre à francoise et jean Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *